Le port de Boulogne/Mer est un port « omnium », en ce sens où il est à la fois port de pêche (le 1er de France), port de commerce (12ème place), port de transport de voyageurs (en sommeil pour l’instant !) et port de plaisance. Géré par la CCI (chambre de commerce et d’industrie) et le service maritime, nul n’est besoin de préciser l’importance économique du port pour Boulogne/Mer, plus de 10000 emplois y sont directement liés, sans compter les centres de recherche inhérents et l’impact touristique.

Le premier port de pêche de France :

Quand on considère la première place de Boulogne/mer comme port de pêche, on s’imagine volontiers les tonnes de poisson qui doivent déferler des chalutiers….c’est une vision erronée. Ce qui fait le succès du port de Boulogne/Mer, ce sont les myriades d’activités qui tournent autour du poisson et non pas le tonnage en lui-même. Car d’un point de vue d’icelui, les chalutiers ont ramené 54 000 to de poissons en 2001, c’est certes le premier tonnage de France, mais on n’est très loin des 150 000 to de 1964 ! ! Comme le montre le graphique n°1, le tonnage de poisson s’étiole d’années en années malgré une légère reprise en 2000-2001. La moitié de ce tonnage est partagée par le quattuor merlan, lieu noir, maquereau et hareng.
Précisons d’emblée une information essentielle : si le volume de poisson a baissé dramatiquement depuis une 30aine d’années, il faut bien considérer que la valeur du tonnage a considérablement augmenté en retour ! De 1972 à 2001, si le tonnage a été divisé par 2,5, la valeur quant à elle a été multipliée par 3 ! Et la raison en est simple : le prix moyen du kilo de poisson est passé de 1,47 franc en 1972 à 11,66 francs en 2001
(cf graphique n°2).

La flotte de pêche est composée de deux types de navires :
- 37 navires de pêche hauturière (dont 10 proprement boulonnais). Ces navires font de la pêche en haute mer, loin des côtes boulonnaises. Ils partent le plus souvent pour plusieurs semaines. Ce sont de vraies usines à poissons. On les rencontre avant tout dans le bassin Loubet. (cf photo)
-197 navires (dont 75 boulonnais) de pêche artisanale. Ces navires font de la pêche « côtière », s’éloignent assez peu, partent le soir pour revenir le matin. Ce sont ces navires qui sont rangés le long du quai Gambetta. On distingue les petits chaluts, les trémailleurs…(cf photo).
  commercialisation du poisson. Plus de 300 000 to de poissons sont traités et négociés tous les ans ! ! (De fait, le port de Boulogne/Mer importe largement plus de poisson que les chalutiers boulonnais en ramènent !).
Le port de Boulogne/Mer est le 1er centre européen de transformation et de
Le port produit à lui tout seul plus de 50 % des surgelés à base de poisson en France (ainsi que 25 % des conserves à base de poisson, 60% de la salaison). Si ce soir, vous avez décidé de vous farcir des poissons panés, vous avez de grande chance de manger du « local ». Plus de 200 entreprises sont concernées directement par les produits de la pêche. Certaines sont réputées : Findus, Friamer, St Bourgain et fils, Delpierre, Continental nutrition, Francegel, Vivagel, et avec Nordfrigo (1er centre français d’entreposage frigorifique de poisson), Boulogne/Mer est une véritable « capitale du froid ». De plus, pour favoriser les liens entre toutes les activités liées à la pêche, on a regroupé celles-ci après la seconde guerre mondiale dans un seul et unique quartier : Capécure où les industries de la pêche coexistent avec les centres de recherche, le centre de la criée (la plus importante de France), les centres de formation, la distribution etc…Le tout cohabite efficacement et favorise les synergies. Le quartier dispose en sus d’une Gare de Marée exceptionnelle,  vaste entrepôt qui permet le stockage réfrigéré et qui peut recevoir et préparer le chargement de plus d’une centaine de camions. Une 12aine d’entreprises de transport assurent ainsi une 100aine de lignes quotidienne au départ de Boulogne/mer.
Et pour couronner le tout, le port de pêche de Boulogne/Mer a su favoriser l’installation d’un véritable pôle de recherche sur les produits de la mer : IFREMER (institut de recherche sur la mer); L’observatoire du littoral (à Wimereux) etc….en sus des centres de formation (Université du littoral, lycée maritime). De même, il est évident que l’ouverture du centre Nausicaa en 1991 est lié à cette activité.
Enfin, la pêche dispose d’installation de bonne qualité (voir le plan) : le Bassin Loubet ; le Bassin Napoléon et le port de Marée (quai Gambetta)

Un port de commerce spécialisé :

Boulogne/Mer est un port de commerce moyen qui appuie sa notoriété sur le trafic de produits spécialisés. D’un point de vue du tonnage (voir graphique 3), le port de Boulogne/Mer se targue de
1,8 millionsde tonnes de fret en 2001. Mais un simple coup d’œil sur le graphique rend compte d’un constat alarmant : le tonnage chute inexorablement. En 10 ans, il a été divisé par 2 ! Cela est dû en partie à la disparition du trafic avec l’Angleterre comme on le verra plus tard.
Il convient de différencier deux choses : le commerce transmanche (avec l’Angleterre, fret lié au transport des voyageurs) et le trafic commercial ou « hors-manche » (pour reprendre la terminologie de la Chambre de commerce). Ce dernier est devenu l’essentiel du trafic commercial du port de Boulogne/Mer. Il est fortement déficitaire :


   2001 en tonnage
Import  1 065 982
Export  545 781
Total  1 611 763

Les graphiques n°4 et n°5 nous renseignent sur le contenu de ce trafic commercial.



friquLe commerce du port de Boulogne est très (exagérèment ?) marqué par le manganèse et le ferro-manganèse : 68% des importations et 40% des exportations. C’est la fameuse société COMILOG (plus connu sous le vocable d’APO) qui exploite ce manganèse. Il faut savoir que la sidérurgie est une vraie tradition à Boulogne/Mer. Dès le milieu du XIXème siècle se créent les APO (Acieries Paris-Outreau) pour la production de fonte. Puis les APO vont se tourner vers la production de ferro-manganèse avec une capacité de trois hauts fourneaux qui tournent à 400000 tonnes de ferro par an. C’est le seul producteur français de ferro-manganèse, le n°1 en Europe et mine de rien le n°2 mondial ! Autant vous dire l’importance de cette activité pour le pays. C’est pour cela que l’Etat n’hésitera pas à sauver la société quand elle déposera le bilan en 1979 ! ! Pour sauver la situation, la société est divisée en deux : la SFPO (Société du Ferro-manganèse de Paris-Outreau) qui exploite les hauts-fourneaux et la FAO (Fonderies des Acieries Paris-Outreau) qui produit des pièces d’acier. En 1999, la SFPO devient la COMILOG France (Compagnie Minière de l’Ogooué ) qui n’est en fait qu’une filiale de la COMILOG tout court, société créée en 1945 pour exploiter le manganèse du Gabon. La COMILOG pèse d’un point énorme voire disproportionné sur l’activité portuaire de Boulogne/Mer, or comme la sidérurgie est une activité qui bat de l’aile depuis 20 ans, on comprendra que le trafic inhérent au manganèse connaît des hauts et des bas.  seul pays, le Gabon (le premier pays fournisseur du port de Boulogne/Mer). On a vu déjà que c’est ce pays qui fournit le manganèse à la COMILOG. Notons pour les autres continents le bois qui nous vient de la Finlande, le poisson de Norvège ou le charbon de Chine. De même, qui sont les clients du port de Boulogne/Mer (cf graphique n°7) : Quatre pays sont largement en tête par rapport aux autres : La Côte d’Ivoire (premier client, pour le ciment), la Norvège (ferro-manganèse), la Royaume-Uni (Ciments) et les Etats-Unis
Pour finir, deux bassins sont concernés par le commerce : le Bassin de Loubet, en partie seulement, et la darse Sarraz-Bournet qui reçoit la quasi-totalité du trafic hors-manche avec ses deux quais : La quai de l’Europe (pour les clinkers) et le quai minéralier.
En dehors de la sidérurgie, on notera les importations de bois (une tradition boulonnaise) et de papier. Quant aux exportations, en dehors du manganèse, elles sont marquées par les clinkers, entendez, les ciments. Véritable tradition locale, la première cimenterie s’ouvre à Boulogne en 1850, on y fabrique le ciment à partir d’une nouvelle matière première : les galets !
Avec qui commerce le port de Boulogne/Mer ? ? D’où vient le fret ? Au regard du graphique n° 6, on s’aperçoit que le port est largement tributaire de l’Ae, et avant tout d’un (ferro-manganèse). Le port de Bologne/Mer est donc largement mondialisé.

Quant au trafic transmanche (lié au transport de voyageurs entre Boulogne et l’Angleterre), florissant il y a encore peu de temps (1 million de tonne en 1999), il est totalement moribond aujourd’hui et tend à se réduire à rien ! Lisez la rubrique « un port de voyageurs » pour en savoir plus.


Un port de voyageurs ( ?) :

Le port de Boulogne/Mer a perdu sa vocation de grand port de voyageurs avec l’Angleterre. Le développement de Calais a porté un coup rude à  une tradition pourtant très ancienne, puisque la 1ère traversée en vapeur entre Boulogne/Mer et l’Angleterre date de 1835, et que la ligne Boulogne / Folkestone s’est ouverte en 1843. Cette vocation de port de voyageurs s’est brutalement interrompue en 2000 car la société qui déversait son quintal de touristes anglais par jours a tout simplement décidé d’arrêter ses liaisons avec Boulogne pour se rabattre sur Calais…question de rentabilité. C’est une perte économique catastrophique pour la ville et le port de Boulogne. On passe (cf graphique n°8)  de 659 000 voyageurs en 1999 à zéro aujourd’hui ! Evidemment, le trafic commercial inhérent à ces liaisons de voyageurs (trafic transmanche) s’est réduit à pas grand chose. Seule note possitve, on annonce un rétablissement éventuel de la liaison avec l’Angleterre en mai 2002.

Un port de plaisance :

Disons le franchement, Boulogne/Mer est un port de plaisance de taille moyenne. 256 bateaux sont enregistrés et plus de 3000 bateaux ont fait une escale à Boulogne en 2001. Le port cherche à valoriser cette activité, en ouvrant notamment le bassin Napoléon à la plaisance (en plus du quai Chanzy).
 
Milam